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Le placenta – que les auteurs des XVIe et XVIIe siècles appellent plus couramment ‘l’arrierefaix’, ou ‘l’amarry’ ou ‘la secondine’ – est attaché aux parois de l’utérus par des vaisseaux sanguinaires, et le cordon ombilical relie le fœtus au placenta pendant toute la grossesse. Si les médecins en comprennent très bien la nature depuis l’Antiquité, Guillaume Chrestian l’explique en 1553, d’une façon détaillée, aux lectrices féminines dans la préface de sa traduction du livre d‘Hippocrate De la nature de l’enfant au ventre de la mere. Lors d’un accouchement normal, le placenta doit sortir spontanément entre cinq et trente minutes après la naissance de l’enfant. Dans les pays développés, les médecins et les sages-femmes ont tendance à employer systématiquement l’oxytocine ou un autre médicament utérotonique permettant la prise en charge active de ce troisième stade du travail, afin d’éviter tout risque d’une hémorragie post-partum. Or, à la Renaissance, la sage-femme attendait, anxieuse, la sortie du placenta, car le troisième stade comportait des dangers mortels. Bien des femmes mettaient au monde un enfant pour mourir ensuite d’une hémorragie. Il fallait, d’ailleurs, que le placenta soit entier, car si des morceaux restent attachés à l’utérus, ils risquent de provoquer une fièvre, signe d’une infection difficile à guérir. De nombreux récits témoignent de ces inquiétudes, dont plusieurs racontés par Liebault (épisode 2) et Guillemeau (épisodes 18 et 24) où l'extraction du placenta se laisse confondre avec un prolapsus de l'utérus.
C’est la sage-femme qui est responsable de délivrer le placenta (le plus souvent en appuyant doucement sur le ventre), comme nous le voyons dans la polémique suscitée par la mort de Madame (belle-sœur de Louis XIII) où les médecins accusent Louise Bourgeois d’avoir manqué à son devoir. Celle-ci n’ignore pas, par ailleurs, les pouvoirs médicaux du placenta, riche en minéraux. (Dans plusieurs cultures, on mange toujours le placenta, ou l’emploie dans l’élaboration des produits de beauté.) Aussi propose-t-elle dans ses Obervations l’emploi d’un placenta tout frais pour guérir ‘une loupe’ ou pour enlever les taches au visage !
- Some critical studiesQuelques études critiques:
- Berriot-Salvadore, E., Un Corps, un destin. La femme dans la médecine de la Renaissance, Paris, 1993.
- Gélis, J., L'Arbre et le fruit. La naissance dans l'occident moderne XVI e -XIX e siècle , Paris, 1984.
- King, H., Midwifery, obstetrics and gynaecology: the uses of a sixteenth-century compendium, Aldershot, 2007.
- Perkins, W., Midwifery and Medicine in Early Modern France: Louise Bourgeois, Exeter, 1996.
- Worth-Stylianou, V., Les Traités d'obstétrique en langue française au seuil de la modernité, Geneva, 2007.
- Louise Bourgeois
- Observations by the Queen’s midwife on births she presided (1609-1617-1626)Les observations de la sage-femme de la Reine sur les accouchements qu’elle a présidés (1609-1617-1626)
- 17) A child is born with the umbilical cord already knotted17) Un enfant naît avec le cordon déjà noué
- 15) A midwife extracts a placenta too violently, causing great harm15) L’extraction trop violente d’un placenta a de graves conséquences
- 8) Three occasions on which midwives mistakenly pulled out the womb in place of the placenta8) Trois occasions où des sages-femmes ont retiré l’utérus au lieu du placenta
- 7) Two exceptional cases where Bourgeois has to extract the placenta manually7) Deux cas exceptionnels où Bourgeois a dû procéder à une extraction manuelle du placenta
- Observations by the Queen’s midwife on births she presided (1609-1617-1626)Les observations de la sage-femme de la Reine sur les accouchements qu’elle a présidés (1609-1617-1626)
- Jacques Daleschamps
- Difficult births described by a famous French physician, botanist and translator (1610 re-edition)Des naissances difficiles décrites dans les annotations d’un médecin, botaniste et traducteur célèbre (réédition de 1610)
- Laurent Joubert
- The Chancellor of the Faculty of Medicine at Montpellier gives his opinion on popular errors about conception, pregnancy and childbirth (1578) Le Chancelier de la Faculté de Médecine de Montpellier donne son avis sur des erreurs populaires autour de la génération, la grossesse et l accouchement (1578)
- Jean Liebault
- The author of several medical compilations records a number of remarkable births (1582) L’auteur de plusieurs compilations médicales raconte quelques naissances remarquables (1582)
- Ambroise Paré
- The Royal Surgeon, Paré, outlines human conception (1573)Ambroise Pare, Premier Chirurgien du Roi, explique la génération de l’homme (1573)
- Jean Riolan
- A famous anatomist recounts the uncovering of several exceptional pregnancies (1629) Un anatomiste célèbre raconte plusieurs grossesses exceptionnelles (1629)
The placenta is referred to by a number of terms in Renaissance French obstetric treatises (including ‘l’arrierefaix’ - c.f. ‘afterbirth’ in English), and is commonly called a ‘cake’ in English texts of the same period. Throughout pregnancy, the organ is attached to the wall of the uterus by a series of blood vessels, and to the foetus by the umbilical cord. From Antiquity, physicians had a good understanding of the nature and functions of the placenta, and in 1553 Guillaume Chrestian explains them in detail, specifically for female readers, in the preface to his translation of Hippocrates work On the Nature of the Child in the Mother’s Womb. Following a normal birth, the placenta should be spontaneously expelled, usually in well under thirty minutes; however nowadays in developed countries it is commonplace for physicians or midwives to give the mother an injection of oxytocin (or another uterine stimulant) to ensure a rapid delivery of the placenta, in order to avoid the risk of haemorrhage. In the Renaissance, the midwives would await the expulsion of the placenta with some anxiety, since the third stage of labour could prove life-threatening even after a safe delivery of the foetus. Haemorrhage is potentially a serious complication, and, furthermore, if the expelled placenta is incomplete (i.e. if some lumps have adhered to the wall of the uterus), the mother is likely to suffer from a fever, indicating an infection. A number of birthing tales reflect these worries, and several recounted by Liebault (episode 2) and Guillemeau (episodes 18 and 24) focus on a dangerous confusion between delivery of the placenta and uterine prolapse.
The safe delivery of the placenta is considered to be the responsibility of the midwife, who may press gently on the womb to encourage the placenta’s expulsion. In the heated debate following the death of Madame (the sister-in-law of Louis XIII) in 1627, the physicians accuse the midwife, Louise Bourgeois, of negligence and of over-harsh treatment of her patient at this stage - but modern medical opinion suggests the death was actually caused by a ruptured appendix. Bourgeois is well aware of the medical properties of the placenta, which is very rich in minerals. (In some cultures the expelled placenta is still eaten; elsewhere, placental tissue may be in high demand for beauty products.) In her Observations, she recommends the application of a freshly delivered placenta to treat certain cysts, or to remove unsightly marks from facial skin!