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Birthing Tales Les récits de naissance

Laurent Joubert

The Chancellor of the Faculty of Medicine at Montpellier gives his opinion on popular errors about conception, pregnancy and childbirth (1578)

Popular Errors concerning Medicine and the Regimen of Health.
Bordeaux, by S.Millanges, Royal Printer, 1578.
Laurent Joubert's Popular Errors, which appeared in Bordeaux, Avignon and Paris in 1578, were an immediate success, and continued to be regularly reprinted (with at least 15 further editions) over the next 30 years. His style combines the authoritative tones one would expect of the Chancellor of the Faculty of Medicine of Montpellier and a marked taste for racy tales and striking anecdotes. Joubert was no stranger to academic publications, having produced a lengthy Latin work on medical paradoxes, but in this vernacular volume he relishes the opportunity to air his views on much debated topics. His Popular Errors gave rise to some heated criticism, largely because of the inclusion of aspects of female sexuality such as the controversial chapter 4 of Book V, entitled 'Whether it can be established for certain that a girl is a virgin'. The basic structure of each chapter is simple: first Joubert recounts a particular popular belief, and then demonstrates why, medically, it is ill-founded. Sometimes he concedes that beliefs may have some grain of truth, for he does not always dismiss popular medicine out of hand. Usually he supports his points with reference to general rather than to individual cases, with a sprinkling of anecdotes taken from classical authors. However, I have identified four specific 'birthing tales' which meet the criteria of this website, two of them relating to Joubert's own family.
Le Chancelier de la Faculté de Médecine de Montpellier donne son avis sur des erreurs populaires autour de la génération, la grossesse et l accouchement (1578)

Erreurs populaires au fait de la medecine et regime de santé.
A Bordeaux, Par S.Millanges, Imprimeur du Roi, 1578.
Avec ses Erreurs populaires qui paraissent à Bordeaux, Avignon et Paris en 1578, Laurent Joubert trouve la bonne recette pour plaire au grand public. Pendant trente ans, cet ouvrage sera réimprimé au moins quinze fois. Son autorité en tant que Chancelier de la Faculté de Médecine de Montpellier - il a par ailleurs déjà publié un grand volume en latin sur les paradoxes - lui permet de donner un avis éclairé sur bien des sujets de controverse, mais en même temps il sait raconter un récit alléchant, une anecdote singulière, tout comme les meilleurs conteurs de l'époque. Les Erreurs populaires ne manquent pas de provoquer un grand tollé, car ce premier volume (les autres ne verront jamais le jour) traite des sujets osés, tel le fameux ch. 4 du Ve Livre, « S'il y a certaine connoissance du pucellage d'une filhe ». La méthode employée par Joubert dans chaque chapitre est simple : raconter une croyance populaire, et ensuite exposer les raisons médicales pour ne pas y croire. Parfois, son avis est plus nuancé, car il ne récuse pas systématiquement toutes les idées populaires. Dans la plupart des chapitres, il cite des cas généraux qui illustrent -ou réfutent - ces croyances, tout en y ajoutant certaines anecdotes puisées chez des auteurs anciens. Cependant nous avons relevé quatre « récits de naissance » spécifiques, qui rentrent dans le cadre de ce projet, deux d'entre eux concernant la famille de Joubert lui-même.

 

1) A nine year old girl suffers a miscarriage

In a period when girls might be betrothed - even officially married - when they were still infants, physicians had good reason to debate the age of puberty. Joubert follows the consensus of Renaissance medical opinion in maintaining that on average a girl would not enter puberty before the age of twelve, but he is interested in some exceptional cases of very early puberty. Here he cites a girl who conceived her first child at the age of nine, and we note that he took the trouble of visiting this woman (in Gascony) to obtain first-hand information. He reports the births with little elaboration, their purpose being to confirm the girl's exceptionally early puberty.

p. 149

It is claimed (and this is well attested) that at Lectore, a town in Gascony, a girl gave birth at the age of nine. She is still alive, her name is Jane du Peirié, and she was married to Vidau Beghé, who held the post in Lectore of collector of fines on behalf of the King of Navarre. She miscarried of a son at the age of nine. Then at the age of eleven she had a daughter who lived and has herself had children. And at fourteen she had a son, named Laurans, who is still alive. At sixteen she had another son, also still alive, called Pierre. Five years later (when she was twenty one) she gave birth to a daughter, who is now the widow of an apothecary. And after this time she had no more pregnancies, although her husband was still alive.

 

How can this be? If it is true that a girl cannot conceive before she begins to menstruate (both internally and externally), and that this cannot happen before puberty, when her body starts to need less blood [.] it may be that at the age of ten one girl will be more developed, her body more rounded, than another at fifteen or twenty, and she will even stop growing sooner, and she will be in the stage of puberty having developed as much at the age of nine or ten as is usually the case with other girls at fourteen or twenty. This is not impossible.

 

After writing this, I have been to Lectore, where I saw the woman who gave birth aged nine, and I spoke with her about it. She was married at the age of seven or eight to Vidau Beghé who was more than twenty-five, and her parents left it entirely to the husband to do just as he wished with her. The case is less surprising given the age of the man. She is a short woman, of medium build, and today (I am writing on 5th April 1577) she is forty-four. She told me that after her pregnancy at the age of nine, which ended in a miscarriage, she always had regular periods. After the age of twenty one, she had no more pregnancies, although she continued to live with her husband for a further nineteen years.

Une fille de neuf ans subit une fausse-couche

L'âge de la puberté constitue un sujet de débat entre les hommes de l'art, surtout à une époque où l'on peut marier sa fille dès le berceau. Si Joubert, comme la plupart des médecins, pense que la puberté ne commence pas le plus souvent avant douze ans, il est néanmoins intéressé par les cas exceptionnels d'une puberté précoce. Aussi cite-t-il celui d'une fille qui a conçu son premier enfant dès l'âge de neuf ans. Il se donne ensuite la peine d'aller la voir (en Gascogne) pour se renseigner davantage. Les récits de ses naissances sont des plus brefs, car ils ne sont destinés qu'à confirmer la puberté de la jeune fille.

(Livre II ch. 2, pp. 149-156)

On affirme aussi (et cecy est bien temogné) que à Lectore, ville de Gascogne, une filhe anfanta à neuf ans. Elle est ancor vivante, nommée Jane du Peirié, qui fut mariée à Vidau Beghé, an son vivant receveur des amandes pour le Roy de Navarre, audit lieu. Elle avorta d'un fils à l'age de neuf ans. Puis à unze ans anfanta une filhe, qui vequit, et ha eu des anfans . Et à quatorze un fils, nommé Laurans, ancor vivant. A seize, un autre aussi vivant, qui est Pierre. Cinq ans apres (qui fut le vint et unieme an de son age) anfanta une filhe, pour le jourdhuy veufve d'un apoticaire. Et depuis cessa d'engroisser. Ja soit que son mary vequit.

 

Mais commant peut estre cela ? S'il est vray, que la fame ne peut concevoir plus tost que d'avoir ses fleurs, ou dedans ou dehors : et qu'elle n'an est capable avant la puberté, quand son cors commance avoir moins besoin du sang [.] il peut estre, qu'une filhe à dix ans sera mieux avenue, plus corpulante et nourrie, qu'un[e] autre à quinze ou à vint ans, et mesmes qu'elle cessera plus tost de croitre, et sera an sa puberté, ayant autant avancé à neuf ou dix ans, que le commun des autres à quatorze ou à vint. Cela n'est pas impossible. [.]

 

Apres avoir ecrit cecy, j'ay eté à Lectore, où j'ay veu la fame, qui avoit anfanté à neuf ans, et parlé à elle de ce fait. On la maria n'ayant que set ou huit ans, à Vidau Beghé, qui an avoit plus de 25 et fut abandonnée de ses parants, à toutes les volontés de son mary. Dont le cas est moins mervelheus, attandu l'age de l'homme. C'est une petite fame, de moyenne corpulance, agée pour le jourdhuy (que nous contons 5. d'Avril, 1577) de quarante quatre ans. Elle m'ha dit, que depuis son premier anfant, duquel ell' avorta n'ayant que neuf ans, ell' eut toujuors ses fleurs bien reiglées. Passé le vint et unieme an de son age, elle n'angroissa plus, ayant ancor demeuré avec son mary, l'espace de dix et neuf ans.

1) Une fille de neuf ans subit une fausse-couche

L'âge de la puberté constitue un sujet de débat entre les hommes de l'art, surtout à une époque où l'on peut marier sa fille dès le berceau. Si Joubert, comme la plupart des médecins, pense que la puberté ne commence pas le plus souvent avant douze ans, il est néanmoins intéressé par les cas exceptionnels d'une puberté précoce. Aussi cite-t-il celui d'une fille qui a conçu son premier enfant dès l'âge de neuf ans. Il se donne ensuite la peine d'aller la voir (en Gascogne) pour se renseigner davantage. Les récits de ses naissances sont des plus brefs, car ils ne sont destinés qu'à confirmer la puberté de la jeune fille.

p. 149

On affirme aussi (et cecy est bien temogné) que à Lectore, ville de Gascogne, une filhe anfanta à neuf ans. Elle est ancor vivante, nommée Jane du Peirié, qui fut mariée à Vidau Beghé, an son vivant receveur des amandes pour le Roy de Navarre, audit lieu. Elle avorta d'un fils à l'age de neuf ans. Puis à unze ans anfanta une filhe, qui vequit, et ha eu des anfans . Et à quatorze un fils, nommé Laurans, ancor vivant. A seize, un autre aussi vivant, qui est Pierre. Cinq ans apres (qui fut le vint et unieme an de son age) anfanta une filhe, pour le jourdhuy veufve d'un apoticaire. Et depuis cessa d'engroisser. Ja soit que son mary vequit.

 

Mais commant peut estre cela ? S'il est vray, que la fame ne peut concevoir plus tost que d'avoir ses fleurs, ou dedans ou dehors : et qu'elle n'an est capable avant la puberté, quand son cors commance avoir moins besoin du sang [.] il peut estre, qu'une filhe à dix ans sera mieux avenue, plus corpulante et nourrie, qu'un[e] autre à quinze ou à vint ans, et mesmes qu'elle cessera plus tost de croitre, et sera an sa puberté, ayant autant avancé à neuf ou dix ans, que le commun des autres à quatorze ou à vint. Cela n'est pas impossible. [.]

 

Apres avoir ecrit cecy, j'ay eté à Lectore, où j'ay veu la fame, qui avoit anfanté à neuf ans, et parlé à elle de ce fait. On la maria n'ayant que set ou huit ans, à Vidau Beghé, qui an avoit plus de 25 et fut abandonnée de ses parants, à toutes les volontés de son mary. Dont le cas est moins mervelheus, attandu l'age de l'homme. C'est une petite fame, de moyenne corpulance, agée pour le jourdhuy (que nous contons 5. d'Avril, 1577) de quarante quatre ans. Elle m'ha dit, que depuis son premier anfant, duquel ell' avorta n'ayant que neuf ans, ell' eut toujuors ses fleurs bien reiglées. Passé le vint et unieme an de son age, elle n'angroissa plus, ayant ancor demeuré avec son mary, l'espace de dix et neuf ans.

 

2) Joubert relates the miscarriage suffered by his wife when she was expecting twins

'How can a woman bears nine children in a single pregnancy?' This is the popular error which Joubert addresses in the first chapter of Book III (which treats pregnancy). He knows that the popular imagination is fascinated by tales of multiple births, and so relates a list of famous cases - some of which are entirely implausible. But he also offers a serious analysis of the different ways in which twins can be conceived and develop, adding the example of his own wife who lost the twins she was expecting after four months of pregnancy. Joubert's expression of regret for the loss of these children is in marked contrast to his contemporary Michel de Montaigne's proclaimed indifference for all the children his wife lost before birth or in early infancy.

p. 236

If there are two children, each may have its own separate placenta, and this will mean the woman bears extra weight when she comes to the last months of pregnancy. Sometimes both of them share the same placenta but have a separate amniotic membrane or caul, unfolded like a little skin, which separates them. [.] This was the case for the twins which my wife miscarried with no pain in 1574 (to my great regret and sadness) around the fourth month. They shared a single placenta but each had its own membrane. Otherwise they would have been siamese twins, conceived thus, just as we see conjoined children who are termed 'monstrous'. But the membrane or caul suffices to separate them.

2) La femme de Joubert, qui portait des jumeaux, fait une fausse-couche

« Commant se peut faire, que d'une vantrée la fame porte neuf anfans » : voici l'erreur populaire proposée au premier chapitre du III Livre (consacré à la grossesse). Joubert sait que l'imagination populaire est fascinée par les grossesses multiples, et il déploie tout un catalogue de cas célèbres - dont certains sont hautement invraisemblables. Cependant, il propose également un exposé plus sobre de la différente façon dont sont conçus les jumeaux, et y ajoute l'exemple de sa femme qui a perdu des jumeaux nés au bout de quatre mois de grossesse. Les regrets exprimés par Joubert sont aux antipodes de l'indifférence dont témoigne Michel de Montaigne pour la perte de ses propres enfants à la naissance ou en bas âge.

p. 236

S'il y a deus anfans, le chacun peut avoir son lit, ou arrierefaix, qui fait leur separacion, et adonc la fame est fort grosse, quand ce vient aux derniers mois. Quelquefois tous deus sont dans un lit conjoins sauf de la tunique Agnelete, qui est leur chemise, deliée comme une petite peau, qui les separe. [..] Et tels furent les gemeaux, dont ma fame avorta sans aucun effort l'an 1574 (à mon tres grand regret et deplaisir) anviron le quatrieme mois. Ils etoint tous deus an un lit, et chacun avoit sa chemise. Autremant ils seroint conjoins, comme conçeus ansemble : ainsi qu'on void des anfans doubles, que l'on dit monstrueus. Mais la seulle peau ou tunique Agnelete, les separe aisemant.

 

3) Popular tales of aborted monsters -
and Joubert's scientific explanation

In this episode which tells of two 'monstrous' miscarriages in Geneva, Joubert first delights in telling a tale worthy of the contemporary lurid news-sheets, then turns it on its head to refute the popular erroneous belief that women can give birth to small winged monsters like harpies. He dismisses such phenomena as merely mishapen pieces of flesh (what today would be called hydatiform moles). I think it likely that this description influenced Michel de Montaigne, the essayist, in the comparison he draws (chapter 8 of Book 1 of The Essays) between the 'fantastical chimera and monsters' conceived by his mind and the 'lumps and shapeless pieces of flesh' produced by women.

p. 376

My Lord d'Aubigné, Steward of the King of Navarre, has related to me how, when he was in Geneva in 1565 as a student staying with the very learned doctor Mr Philibert Sarazin, two Italian women, one the wife of a dressmaker, the other a lady, each gave birth in the same month to a monstrous object. That delivered by the dressmaker's wife was small, like a rat with no tail. That of the lady was the size of a cat. In both cases, the object was black and viscous in nature. On coming out of the womb, both monsters threw themselves up against the wall beside the bed and stuck firmly to it, higher than the drapes over the bed.

 

This is what was related, let us now see what we should believe. It is quite true that women often conceive and deliver from their wombs (after their menstrual blood has pooled there for a while, and they have thought themselves pregnant) misshapen lumps of fleshy tissue, which can be compared to various things according to their appearance. Just as we say that different clouds look like a horse, a writing desk, an ox, a bird, a candlestick, entrails, a bowl, an egg, a basket, and yet none of that is true. We can say the same of these lumps of flesh, which look to one person like a toad, to another like a snail, a hare, or a bird. Yet none of this is really so. This flesh only existed as basic tissue, like a simple plant, with no capacity to move and no feelings. Thus it was never an animal, not even a reptile or lesser species. From which you will see that it is a great mistake to believe that such objects can really fly like harpies and suddenly cling to the curtains of the bed prepared for the mother to give birth.

 

3) Des histoires populaires de monstres avortés -
et l'explication scientifique

Dans cet épisode de deux fausses-couches « monstrueuses » qui ont eu lieu à Genève, Joubert s'accorde d'abord le plaisir de raconter une histoire digne des canards, avant de s'en servir pour réfuter une erreur populaire. Selon lui, aucune femme ne peut accoucher d'un tel monstre : il s'agit en réalité de morceaux de chair difformes (ce qu'on appellerait aujourd'hui une môle hydatiforme). Cette description a pu inspirer Michel de Montaigne dans son chapitre « De l'oisiveté » (Essais, I.8)- lecteur de Joubert à ses heures - lorsqu'il compare les « chimères et monstres fantastiques » enfantés par son esprit avec les « amas et pieces de chair informes » produits par des femmes.

p. 376

Le sieur d'Aubigné, ecuyer du Roy de Navarre, m'ha conté que luy etant à Geneve l'an 1565, demeurant ecolier pansionnaire cheus M. Philibert Sarazin tres docte medecin, deux Italienes, l'une fame d'un frippier, et l'autre damoiselle, dans un mesme mois accoucheret chacune d'un part monstrueus. Celuy de la frippiere etoit petit, resamblant à un rat sans queue : Celuy de la damoiselle fut de la grosseur d'un chat. La matiere de tous deus noyre et visqueuse. Au sortir de la matrice tels monstres se jeteret an haut, contre la paroy de la ruelle du lit et là se colaret attachés ferme, plus haut que le ciel du lit.

 

Voyla ce qu'on an rapporte, voyons maintenant ce qu'on an doit croire. Il est bien vray que les fames angendret souvant, et mettent hors leur matrice (apres quelques tams que leurs fleurs ont sejourné, pansant bien etre anceintes) des loupins difformes de chair nerveuse, que l'on peut comparer à cecy et à cela, pour quelque samblance qu'ils an ont. Comme on dit aussi des nuées, que l'une ressamble à un cheval, l'autre à un ecritoire, l'autre à un bouf, l'autre à un oiseau ; qui à un chandelier, qui à un tripier, l'autre à un bassin, l'autre à un ouf, l'autre à un panier : et rien de tout cela. Ainsi peut-on bien dire de ces amas que l'un retire à un crapaut, l'autre à un escargot, l'autre à un lièvre, l'autre à un oiseau.

 

Mais ce n'est rien de tout cela, et ce cors n'a eu que vie végétative, comme une plante simplemant, sans aucun mouvemant de soi, ni aucun santimant. Dont ce n'ha jamais eté un animal non pas mesme reptile, ou autre plus imparfait. Par quoi c'est un grand abus de croire, qu'il y an ayet qui volet propremant comme harpyes, et se vont soudain attacher aux cortines du lit preparé pour l'accouchée.

 

4) Can the phase of the moon at the time of birth
affect the sex of the next child?

Determining the sex of a child has always been a subject of immense interest, and, according to certain theories in the Renaissance, the phase of the moon at the birth of one child might determine the sex of the next child to be conceived. Joubert disproves this theory by setting out the dates of birth of his own brothers and sisters and of his own children. The two family lists are wonderfully precise archival documents. Although they give no further details about each birth, they do allow us to establish the interval between pregnancies in a professional family in the 16th century. Joubert's mother must have been both remarkably healthy and fertile, since she survived 18 pregnancies in the space of 22 years! We do not know if any of the births were premature, but on average she gave birth every twelve to eighteen months. Laurent Joubert's wife had only five children (he does not seem to include the miscarriage related above). The gap of two or three years between most of these births may reflect the mother's practice of breastfeeding her own children (cited with approbation by Joubert).

p. 380

Some hold the opinion and claim that if a woman gives birth at full moon, when she next gives birth she will have a son ; and if she gives birth at the time of a new moon, the next child will be a daughter. [.] But I maintain that this does not fit every case, nor indeed any woman whose case I have studied and who has had a number of children. For I am not talking about having just two or three children. And to avoid being long-winded by citing various examples I have, I shall give the details of just the children God gave to my late father, also of the name of Joubert, and to my mother, Catherine de Genas, who is still alive, and who bore twenty children in one single marriage.

 

Jane was the first, born in 1519, on the 6th of July, at 7 in the morning at the time of a new moon. Then came Margarite, in 1520, on the 20th of July, at 6 in the morning at the time of a new moon. Susanne followed, born in 1521, on the 9th of July, at one in the afternoon, with an old moon Another Jane was born in 1523 on the 24 of August, at 9 in the morning with a full moon. After all these girls, she had two sons. One, François, was born in 1524 on the 15th of November at midnight with an old moon. The other, called Guilhaume, was born in 1526, on the 16th of January at 2 in the morning with a new moon. Then came two girls, Magdaleine in 1527, on the 26th of January in the morning with an old moon, and Catherine in 1528 on the 7th of May at 3 in the morning with an old moon. I was born next in 1529 on the 16th of December at 9 in the morning with an old moon. Then came Anthoine, in 1531, on the 11th of January at six in the morning with an old moon. Ysabeau followed in 1532, on the 14th of December at 7 in the afternoon with an old moon. Next came Anne in 1534, on the 17th of June at 6 in the afternoon, with a new moon. Then followed two twin girls, Loise and Justine, born in 1535 on the 17th of July at 8 in the morning with a full moon. After this came a son, the second to be called Antoine, in 1536 on the 20th of October, at 7 in the morning with a new moon. It is recorded that a daughter followed, called Dauphine, in 1537 on the 8th of November at 5 in the morning with a new moon. Then there was a girl called Françoise, in 1538 on the 15th of December at one hour after midnight with a full moon. There followed a son, Claude, in 1540 on the 9th June at six in the morning with a new moon. After this came another son, called Felix, the last child, who was born in 1541 on the 4th of October at 11 in the morning with a full moon. This list of births I have transcribed from the document kept by my late father (except for the details of the moonswhich I calculated using the almanacs from these years). From this one can easily see that there is no foundation for the belief that the phase of the moon influences the sex of the following child.

 

I have seen this all the more clearly in the case of the children whom God has given to me until now, by Loise Guichard my wife. Isaac was born on the 3rd of March 1565 with an old moon; Susanne on the 13th of March in 1567 with an old moon; Anne the same date the following year with a new moon; Marie on the 29th of July 1571 with an old moon; Cyprian on the 4th August 1574 with a new moon. This shows that the popular belief fits the cases of Marie and Cyprian but falls down in the cases of Susanne and Anne.

La lune et le sexe des enfants à naître

Le sexe de l'enfant à naître intéresse toujours, mais d'après certaines croyances la date d'un premier accouchement pourrait même déterminer le sexe de la grossesse suivante, à cause des influences astrologiques. Or, Joubert réfute une version de cette théorie en précisant les dates des naissances dans sa propre famille. Les deux généalogies qu'il fournit consitutuent de formidables documents d'archives : aucun détail sur le déroulement de chaque accouchement, hélas, mais nous savons précisément comment s'espacent les grossesses dans ces deux ménages bourgeois du XVIe siècle. La mère de Joubert a dû être d'une santé et d'une fécondité remarquables, car elle a accouché dix-huit fois en vingt-deux ans ! Nous ne savons pas si certaines naissances étaient prématurées, mais en moyenne elle met au monde un nouveau enfant au bout de douze à dix-huit mois. L'épouse de Laurent Joubert n'a accouché que cinq fois (il ne semble pas tenir compte ici de la fausse-couche que nous citons plus haut). Faudrait-il peut-être attribuer l'intervalle de deux ou trois ans entre la plupart de ces naissances au fait que Joubert prône les bienfaits de l'allaitement maternel, et cite sa femme comme une mère fidèle à ce devoir?

(Livre IV. ch. 8, pp. 380-383)

Aucuns tienet cette opinion, et affirmet, que si une fame anfante an pleine Lune, à l'autre fois elle fera un fils, venant à s'accoucher : et si an nouvelle Lune, ce sera une filhe [.] Mais je dis que cela ne rancontre pas à touttes, non pas mesmes à une de celles que j'ay peu observer, ayans fait plusieurs anfans. Car je ne m'arrete pas à deus, ou à trois anfans. Et pour n'estre prolixe à proposer divers exemples que j'ay an main, je seray contant de citer les anfans que Dieu ha donné à feu mon pere, le chevalier Joubert, et à ma mere Catherine de Genas, ancor vivante, jusques au nombre de vint, tout d'un mariage.

 

Jane fut la premiere, qui naquit l'an 1519, le 6 de Julhet, à 7 heur.du matin, an nouvelle Lune. Apres vint Margarite, l'an 1520, le 20 de Julhet, à 6 heures du matin, an nouvelle Lune. Susanne luy succeda, naissant l'an 1521, le 9 de Julhet, à une heu. apres midy, an vielhe Lune. Un'autre Jane naquit l'an 1523, le 24 d'Aout, à 9 heu. du mat. an pleine Lune. Apres toutes ces filhes, vindret deus fils. L'un François, lequel naquit l'an 1524, le 15 de Novambre, à la minuit an vielhe Lune. L'autre nommé Guilhaume, naquit l'an 1526, le 16 de Janvier à 2 heu. du matin an nouvelle Lune. Vindret apres deus filhes : Magdaleine, l'an 1527, le 26 janvier au matin an vielhe Lune. Catherine, l'an 1528, le 7 de May, à 3 heu. du matin, an vielhe Lune. Je viens de suite, né l'an 1529, le 16 decembre, à 9 heu. du matin, an vielhe Lune. Puis vint Anthoine, l'an 1531, le 11 Janvier, à 6 heu. du matin an vielhe Lune. Succeda Ysabeau l'an 1532, le 14 decembre, à 7 heur. apres midi, an vielhe Lune. Vint apres Anne l'an 1534, le 17 Jun. à 6 heu. apres midy, an nouvelle Lune. De suitte vindret deus gemelles, Loise et Justine, lesquelles naquiret l'an 1535, le 17 Julhet, à 8 heu. du mat. an pleine Lune. Apres se rancontra un fis, nommé Antoine segond, l'an 1536, le 20 Octobre, à 7 h. du matin, an nouvelle Lune. Rancontra auusi qu'une filhe suivit, nommée Dauphine, l'an 1537, le 8 Novambre à 5 h. du matin, an nouvelle Lune. Puis naquit une filhe, appellée Françoise, l'an 1538, le 15 Decembre, à une heu. apres minuit an pleine Lune. Suivit un fils, Claude, l'an 1540, le 9 Jun, à 6 h. du mat. an nouvelle Lune. Vint apres un autre fis, nommé Felix, dernier anfant, lequel naquit l'an 1541, le 4 Octobre, à 11 du mat. an pleine Lune. De cette genealogie, transcrite au vray du memorial de feu mon pere (sauf les Lunes que j'ay cottés sur les Ephemerides des susdites années) on peut aisemant comprandre, qu'il n'y a aucune assurance an telle proporcion.

 

Je l'ay ancor mieus observé aus anfans que Dieu m'a donné, jusques au jour presant, de Loise Guichard, ma fame : Isaac naquit le 3 Mars, 1565, an vielhe Lune. Susane le 13 dudit mois l'an 1567, an vielhe Lune. Anne le samblable jour l'an d'apres, an nouvelle Lune. Marie le 29 Julhet 1571, an vielhe Lune. Cyprian le 4 Aout 1574 an nouvelle Lune. On voit par là, que ce dire ha rancontré an Marie et Cyprian : et ha falhi an Susane et Anne.

4) La lune et le sexe des enfants à naître

Le sexe de l'enfant à naître intéresse toujours, mais d'après certaines croyances la date d'un premier accouchement pourrait même déterminer le sexe de la grossesse suivante, à cause des influences astrologiques. Or, Joubert réfute une version de cette théorie en précisant les dates des naissances dans sa propre famille. Les deux généalogies qu'il fournit consitutuent de formidables documents d'archives : aucun détail sur le déroulement de chaque accouchement, hélas, mais nous savons précisément comment s'espacent les grossesses dans ces deux ménages bourgeois du XVIe siècle. La mère de Joubert a dû être d'une santé et d'une fécondité remarquables, car elle a accouché dix-huit fois en vingt-deux ans ! Nous ne savons pas si certaines naissances étaient prématurées, mais en moyenne elle met au monde un nouveau enfant au bout de douze à dix-huit mois. L'épouse de Laurent Joubert n'a accouché que cinq fois (il ne semble pas tenir compte ici de la fausse-couche que nous citons plus haut). Faudrait-il peut-être attribuer l'intervalle de deux ou trois ans entre la plupart de ces naissances au fait que Joubert prône les bienfaits de l'allaitement maternel, et cite sa femme comme une mère fidèle à ce devoir?

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Aucuns tienet cette opinion, et affirmet, que si une fame anfante an pleine Lune, à l'autre fois elle fera un fils, venant à s'accoucher : et si an nouvelle Lune, ce sera une filhe [.] Mais je dis que cela ne rancontre pas à touttes, non pas mesmes à une de celles que j'ay peu observer, ayans fait plusieurs anfans. Car je ne m'arrete pas à deus, ou à trois anfans. Et pour n'estre prolixe à proposer divers exemples que j'ay an main, je seray contant de citer les anfans que Dieu ha donné à feu mon pere, le chevalier Joubert, et à ma mere Catherine de Genas, ancor vivante, jusques au nombre de vint, tout d'un mariage.

 

Jane fut la premiere, qui naquit l'an 1519, le 6 de Julhet, à 7 heur.du matin, an nouvelle Lune. Apres vint Margarite, l'an 1520, le 20 de Julhet, à 6 heures du matin, an nouvelle Lune. Susanne luy succeda, naissant l'an 1521, le 9 de Julhet, à une heu. apres midy, an vielhe Lune. Un'autre Jane naquit l'an 1523, le 24 d'Aout, à 9 heu. du mat. an pleine Lune. Apres toutes ces filhes, vindret deus fils. L'un François, lequel naquit l'an 1524, le 15 de Novambre, à la minuit an vielhe Lune. L'autre nommé Guilhaume, naquit l'an 1526, le 16 de Janvier à 2 heu. du matin an nouvelle Lune. Vindret apres deus filhes : Magdaleine, l'an 1527, le 26 janvier au matin an vielhe Lune. Catherine, l'an 1528, le 7 de May, à 3 heu. du matin, an vielhe Lune. Je viens de suite, né l'an 1529, le 16 decembre, à 9 heu. du matin, an vielhe Lune. Puis vint Anthoine, l'an 1531, le 11 Janvier, à 6 heu. du matin an vielhe Lune. Succeda Ysabeau l'an 1532, le 14 decembre, à 7 heur. apres midi, an vielhe Lune. Vint apres Anne l'an 1534, le 17 Jun. à 6 heu. apres midy, an nouvelle Lune. De suitte vindret deus gemelles, Loise et Justine, lesquelles naquiret l'an 1535, le 17 Julhet, à 8 heu. du mat. an pleine Lune. Apres se rancontra un fis, nommé Antoine segond, l'an 1536, le 20 Octobre, à 7 h. du matin, an nouvelle Lune. Rancontra auusi qu'une filhe suivit, nommée Dauphine, l'an 1537, le 8 Novambre à 5 h. du matin, an nouvelle Lune. Puis naquit une filhe, appellée Françoise, l'an 1538, le 15 Decembre, à une heu. apres minuit an pleine Lune. Suivit un fils, Claude, l'an 1540, le 9 Jun, à 6 h. du mat. an nouvelle Lune. Vint apres un autre fis, nommé Felix, dernier anfant, lequel naquit l'an 1541, le 4 Octobre, à 11 du mat. an pleine Lune. De cette genealogie, transcrite au vray du memorial de feu mon pere (sauf les Lunes que j'ay cottés sur les Ephemerides des susdites années) on peut aisemant comprandre, qu'il n'y a aucune assurance an telle proporcion.

 

Je l'ay ancor mieus observé aus anfans que Dieu m'a donné, jusques au jour presant, de Loise Guichard, ma fame : Isaac naquit le 3 Mars, 1565, an vielhe Lune. Susane le 13 dudit mois l'an 1567, an vielhe Lune. Anne le samblable jour l'an d'apres, an nouvelle Lune. Marie le 29 Julhet 1571, an vielhe Lune. Cyprian le 4 Aout 1574 an nouvelle Lune. On voit par là, que ce dire ha rancontré an Marie et Cyprian : et ha falhi an Susane et Anne.