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Birthing Tales Les récits de naissance

André Du Laurens

The first physician to the King gives his opinion on some remarkable cases (1613)

The Complete Works of Monsieur André du Laurens of Ferrières, Privy Councillor and First Physician to his Majesty the King of France and Navarre, Henry the Great, and King’s Chancellor at the University of Montpellier. Collected and translated into French by Monsieur Théophile Gelée, physician in the town of Dieppe. With Royal Privilege.

Paris, from the press of P. Mettayer. 1613

André du Laurens, the First Physician to Henri IV, was a famous anatomist and his Opera Anatomica continued to be printed throughout the first half of the 17th century. After Du Laurens’ death, Théophile Gelée published a French translation of his works in 1613 (citations here are taken from the second edition, dated 1621). The 7th and 8th books of Du Laurens deal with the human genitalia and conception, and while he presents general explanations rather than specific cases throughout his work, here he cannot resist including two examples of remarkable births.

Le premier médecin du roi donne son avis sur des cas singuliers (1613)

Toutes les œuvres de M. André du Laurens sieur de Ferrieres, Conseiller et premier médecin du Tres-chrestien Roy de France et de Navarre, Henry le Grand, et son Chancelier en l’Université de Montpellier. Recueillies et traduittes en françois par M. Théophile Gelée médecin ordinaire de la ville de Dieppe. Avec Privilège du Roy.

A Paris, chez P. Mettayer. M.DC.XIII
André du Laurens, premier médecin d'Henri IV, est un anatomiste célèbre, dont les Opera anatomica sont réimprimés jusqu’au milieu du XVIIe siècle. Après la mort de Laurens, Théophile Gelée fait paraître une traduction française des Œuvres du grand maître dès 1613 (nous citons ici la deuxième édition, qui date de 1621). Or, les 7e et 8e livres traitent des parties genitales et de la génération de l’homme, et bien que, tout au long des Œuvres, du Laurens évite les cas particuliers au profit des explications générales, il ne peut résister à y glisser deux exemples de naissances singulières.

 

1) The delivery of a male baby who was mistaken for a girl in 1577 in Paris

Hermaphrodites fascinated many late Renaissance authors, but Du Laurens approaches the subject from a new angle. He is one of the first doctors to challenge the general assumption that the female genitalia are simply an inverted copy of the male ones. He also recognises that the genitals of some babies may be so malformed that they do not allow simple recognition of an infant’s sex. In this extract, like Joubert he distances himself from popular errors, especially those of midwives, citing instead the authority of Severin Pineau, another anatomist, and Professor at the faculty of Medicine in Paris.

fol. 225 verso

But it is also very important to recognise that midwives are quite often in error about children because of the malformation of the genitals. That is to say that the penis may be too short, or hidden as it were in a slit, or the testicles may not be apparent externally. And as a result they cannot discern whether the child is male or female. Monsieur Pineau wrote that in Paris, in the rue Saint-Denis, in 1577 a woman gave birth at night to a boy who was so weak that he was baptised in haste, but as a girl and named Jeanne. However, a few days later he was recognised to be a boy, first by his mother and then by others who were present, which was a subject of some wonder, and they renamed him Jean. It is thus easy to believe that ordinary people can easily be mistaken on such occasions

1) La naissance d’un fils qu’on prend pour une fille en 1577 à Paris

Nous savons combien les hermaphrodites fascinent les auteurs de la Renaissance finissante, mais Du Laurens aborde la question sous un nouveau jour, car il est un des premiers médecins à contester l’idée courante selon laquelle les parties génitales de la femme ne seraient que celles de l’homme à l‘envers. Il reconnaît en outre que les parties génitales sont parfois trop mal formées pour qu’on puisse facilement distinguer le sexe du nouveau-né. Dans cet extrait, comme Joubert, il se prend aux erreurs populaires, notamment celles des sages-femmes, et leur oppose l’autorité de Séverin Pineau, anatomiste et professeur de la Faculté de Médecine de Paris.

fol. 225 verso

Mais il est aussi fort à propos de remarquer, que les sages-femmes se trompent bien souvent autour des enfans, à raison de la mauvaise conformation des parties genitales, sçavoir est de la verge trop courte et comme cachée dans une fente, et des testicules n’apparoissans pas bien au dehors, tellement qu’elles ne peuvent pas bien discerner, si l’enfant est fils ou fille. Monsieur Pineau écrit qu’en l’an 1577, en la ruë Saint Denis à Paris, une femme accoucha de nuict d’un garçon, lequel à raison de sa foiblesse, fut à la haste baptisé pour fille et nommé Jeanne, lequel peu de jours apres fut reconnu pour un fils, premierement par la mere et puis par les assistans, non sans grande admiration et le nommerent Jean. Il est donc aisé à croire, que le commun peuple se trompe aisément en telles occasions.

 

2) Du Laurens believes that he witnessed a very rare example of superfoetation

The possibility of superfoetation – the process whereby a second foetus is conceived although a first pregnancy is already established – both intrigued and shocked doctors and moralists. Since most believed that conception depended in part upon a woman experiencing a sexual climax, it followed that only a woman experiencing strong pleasure – although she was already pregnant – would be able to conceive a second foetus. Among animals superfoetation was known to exist, and this led doctors to ask whether the same phenomenon could occur in humans. Du Laurens asks this as a question of scientific principle, citing a case which seemed to him to be an example of superfoetation because two twins were delivered a week apart from each other. Once again, it is the remarkable nature of the tale which invites scrutiny.

fol. 264 verso

But on the question of whether superfoetation can occur one, two or three months after a first child has been conceived, as is indicated by a number of written texts and examples; in my opinion it can, but very rarely. For the womb, when heated by the great pleasure of the sexual act, can as a result open to receive the seed without the first baby (who is already formed and of some size) being displaced, provided that the woman is healthy and the first foetus strong and well developed. This first foetus will be firmly anchored to the womb by the openings of the vessels, and also will make no attempt to leave it. This is something we have sometimes seen in cases of twins. I saw a certain woman who was expecting two babies, and she gave birth to a boy – already dead – on the first day of the ninth month, and then on the seventh day of the same month to another child which was living

2) Du Laurens croit avoir vu un exemple – fort rare – de la superfétation

La possibilité de la superfétation – la conception d’un autre fœtus alors qu’une première grossesse est déjà établie – intrigue et répugne les médecins et les moralistes. Si la conception est liée, selon la plupart d’entre eux, au plaisir sexuel de la femme, seule une femme ressentant un fort plaisir (alors qu’elle est déjà enceinte) serait capable de concevoir un autre enfant. En fait, la superfétation n’est pas rare parmi certains animaux, ce qui incite les médecins à se demander si le même phénomène n’existe pas chez l’homme. Du Laurens s’interroge sur le principe, et cite un cas qui semble y répondre puisque deux jumeaux sont nés l'un une semaine après l'autre. C’est de nouveau le singulier qui mérite le regard observateur.

fol. 264 verso

Mais à sçavoir si la superfoetation se peut faire un, deux ou trois mois apres la premiere conception, ainsi que témoignent plusieurs et par escrits et par exemples : Elle se peut à mon advis faire mais rarement, car la matrice échauffée d’une grande volupté en l’acte venerien se peut derechef ouvrir pour recevoir la semence, sans que pour cela le premier enfant desjà formé et grandelet soit jetté hors, pourveu que la femme soit saine et le fœtus fort et vigoureux : tant pour ce qu’il est fermement attaché à la matrice par les orifices des vaisseaux, que pource qu’il ne fait point d’effort pour sortir : chose que nous avons quelquefois experimentée aux gemeaux. J’ay veu une certaine demoiselle groisse de deux enfans, laquelle accoucha d’un garçon mort le premier jour du neufiéme mois, et le septiéme jour ensuivant d’un autre vivant.